Adolescent, adolescente : nom (du latin adolescens, de adolescere, grandir) — Garçon ou fille, qui est dans l’adolescence. L’adolescent n’est plus un enfant, mais il n’est pas encore un adulte. Âgé de 11 à 17 ans (tranche d’âge approximative, car il existe des adolescents de 40 ans, on parle dans ce cas d’adulescents), on dit couramment de ce jeune qu’il a atteint l’âge ingrat : son expression est uniquement monosyllabique, sa tenue vestimentaire est composée de manière universelle d’un jean descendu sur le bas des fesses, laissant entrevoir un string pour les filles, un caleçon pour les garçons. C’est d’ailleurs à cet élément vestimentaire que l’on identifie le sexe de l’ado, car sinon, leur coupe de cheveux est la même (gras, le cheveu, d’ailleurs).

Relevant la tête du magazine hautement scientifique que je suis en train de lire, j’observe le mien d’ado. Mon fils, 14 ans 1/2 est en train de regarder la série SODA à la télé, tout en jouant à un jeu en réseau sur son téléphone portable. Il ne ressemble pas du tout à ce que je lis, là… Baissant à nouveau les yeux, je poursuis cet article passionnant :

L’unique objectif de l’ado est de s’opposer à ses parents, voire de les contredire systématiquement.

Pas convaincue, je fais la moue. Je décide d’en avoir le cœur net.

— Tu arrives à regarder la télé tout en jouant ?

— Mouais… Qu’est-ce que tu crois ? C’est pas que les mères qui savent faire deux choses à la fois. Et si tu veux tout savoir, je fais même trois choses à la fois.

— Ah bon ?

— Oui puisque je te parle…

— Mouais…

Ça m’énerve quand il a raison. Du coup, j’ai envie d’avoir le dernier mot.

— Tu sais même pas pourquoi ça s’appelle SODA.

— Pff, tu me prends pour un demeuré ou ouat ? C’est Ados à l’envers.

— OK, et adolescent alors, ça vient d’où ?

— ….

— Ah ! tu vois, tu fais moins le malin, fais-je en souriant déjà de ma petite victoire.

Courte victoire, puisqu’il enchaîne immédiatement sur un ton doctoral, les yeux fixés sur son téléphone :

— Adolescent, vient du latin « adolescere » qui signifie « grandir vers ». D’ailleurs « adolescens », c’est le participe présent de ce verbe. Donc, pour te la faire courte : un adolescent, c’est une personne « qui est en train de grandir ». Voilà… quand tu ne sais pas quelque chose, tu me demandes, maman.

J’en reste bouche bée. Parce que non content d’écouter mes questions, de regarder SODA et de jouer, mon ado est aussi capable de surfer sur internet et de chercher une définition sur Wikipedia. C’est assez contrariant. Mais je n’ai pas le temps d’y réfléchir, car c’est à lui de me mettre à l’épreuve.

— À moi, maintenant. Qu’est-ce que c’est le Binge drinking ?

— Le quoi ? … pardon, le ouat ?

Car je n’ai pas l’air comme ça, mais je fais un effort : je me mets à la portée de son langage. Il ne sera pas dit que je serai responsable de l’élargissement du fossé entre les générations.

— Le B I N G E plus loin D R I N K I N G, épelle-t-il lentement comme parlant à une grand-mère sourde. Et il a le culot de rajouter : « je pense qu’à l’époque (insistant bien sur ces deux mots), ça n’existait pas. »

Pour mon ado, « À l’époque » représente l’année de ma naissance, qui se situe dans une période plus ou moins floue entre l’invention de la roue et celle de l’iPhone.

Mais revenons à nos moutons. Le binge drinking, qu’est-ce que c’est ? Je n’en sais fichtre rien ! Mais je ne vais pas me laisser impressionner. Moi aussi, je suis moderne, Môssieur. Et je saisis avec majesté ma tablette, puis tape dans Google : Binge drinking.

Horreur !!! Je reste saisie d’effroi devant ce que me relate Wikipedia, encore lui ! « Appelé aussi ‘biture expresse’, ‘chaos éthylique’ ou encore ‘alcool défonce’, le binge drinking est pratiqué par des jeunes qui jouent à tester leurs limites… »

— Mais… mais, comment tu connais ça toi ? bredouillé-je, consternée.

— Ben, je me renseigne… pour éviter les problèmes, parce que si je dois attendre que tu m’en parles… faudrait déjà que tu sois au courant, répond-il un brin narquois, tout en continuant à jouer sur son téléphone et regardant SODA.

Voilà que maintenant, ce sont les ados qui nous font la leçon. Alors qu’ils sont sensés… je ne sais pas moi ! Être mal dans leur peau, gauches, inexpérimentés, mélancoliques, désœuvrés, indolents, voire déprimés… en tout cas, ce sont les pédopsys (dont c’est le fonds de commerce) qui l’affirment. Je dois avoir l’air effarée, parce qu’il me regarde maintenant d’un air inquiet.

— Ça va maman ? Faut pas t’inquiéter… Tu peux pas être tout le temps là à me protéger, alors je m’instruis. Parce que bientôt, je serai adulte, du latin « adultus », participe passé du latin adolescere, ce qui signifie « qui a fini de grandir », et là ! finie la rigolade…

Puis, il ajoute en me faisant un clin d’œil malicieux : « Devenir adulte : tu parles d’une perspective ! »

Franchement, l’adolescence, c’est vraiment l’âge ingrat.

PTDR, comme il dirait !

À lire par les parents inquiets pour leur progéniture adolescente : « Antimanuel d’adolescence – Toute la vérité, rien que la vérité sur les adolescents », Michel Fize aux Éditions de l’homme. Ce livre remet en cause nombre d’idées reçues sur l’adolescence !