« Un auteur, c’est une ami qui chuchote à votre oreille. » J’ai entendu cette phrase l’autre jour, sur France Musique, dans la bouche d’Alain Souchon. Je l’ai trouvée touchante et tellement vraie. En tout cas, c’est ce que je ressens en tant que lectrice. Les livres ont toujours été pour moi comme des amis ; je leur ai d’ailleurs adressé cette déclaration d’amour, récemment, dans un post Facebook :

LIVRES, JE VOUS AIME.

Depuis longtemps déjà, Vous êtes mon refuge. Toujours là quand j’ai besoin de Vous, pour le meilleur comme pour le pire. Vous avez cette chaude et discrète présence des amis de toujours. Passeurs d’émotions, Vous êtes les témoins réconfortants de mes joies, de mes colères, de mes frayeurs, de mes passions, de mes amours, de mes peines, de mes regrets, de mes espoirs… Comment pourrais-je alors me séparer de Vous ? Malgré les infidélités que je Vous fais avec ma liseuse, les reproches sur Votre poids, la place que Vous prenez et la poussière que Vous accrochez ?

L’Amour, c’est ça, je crois.

Mais si l’auteur est un ami du lecteur, l’inverse n’est-il pas aussi vrai ? Est-ce qu’en tant qu’auteur, on n’aimerait pas que le lecteur soit un ami à l’oreille duquel on pourrait tout dire ? Un ami qui comprendrait ce que l’on dit et aussi ce que l’on ne dit pas ? Qui saurait lire entre les lignes ?

Cela me rappelle une phrase que j’ai lue dans La nuit, j’écrirai des soleils de Boris Cyrulnik, un livre qui m’a bouleversée :

Ecrire dans la solitude, pour ne plus se sentir seul, est un travail imaginaire qui trahit le réel puisqu’il le rend partageable, mais apaise l’auteur en tissant un lien de familiarité avec celui (celle) qui le lira.

Boris Cyrulnik – La nuit, j’écrirai des soleils

Un jour, une personne que je connais peu, un collègue de travail, est venue me dire à propos de Amours, Amour : Je me suis reconnu dans certaines des ces nouvelles. Cela a fait écho à des moments que j’ai vécus dans ma vie.

En me disant cela, je ne sais pas s’il a compris quel plaisir il me procurait. C’était exactement comme s’il m’avait dit : Je sais ce que tu as pu vivre ; moi aussi, je l’ai vécu. Je t’ai entendue.

Pourtant, je ne parle pas de moi précisément dans ce recueil de nouvelles. Ni d’expériences vécues. Mais, dans chacun de ces personnages, il y a un peu de moi, et un peu aussi des personnes que j’ai croisées sur mon chemin. J’ai parsemé dans les situations vécues par mes personnages, des bribes d’événements que j’ai vécus ; et seuls ceux qui étaient là aussi, peuvent reconnaître ces bribes.

C’est aussi une façon de leur envoyer un discret clin d’œil de connivence, une sorte de message codé.