Jeudi 30 avril 2015, Moustache est devenue mère.

Moustache : quel drôle de nom ! Quelques mots d’explication s’imposent.

Moustache a quatre pattes et une robe de type Prim’Hostein ; je fais ma cultivée, mais je viens de lire sur Internet que les vaches communes que l’on voit dans nos prés, vous savez, celles qui ont une robe noire et blanche, sont de cette race. Bref, toujours est-il que Moustache n’est pas une vache, même si quelqu’un l’a déguisée en Prim’Holstein, mais une chatte.

Cette minette, elle-même un bébé de 18 mois, a mis bât jeudi 30 avril de 3 chatons. Et devant cet événement, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir à ce qu’est ce fameux instinct maternel, dont on est censées toutes être dotées à la naissance, que nous soyons chatte, vache ou femelle de Cro-Magnon.

Ce jeudi 30 avril, donc, je rentre d’un rendez-vous vers 15 h, je pousse la porte d’entrée… et là, je reste interdite : la maison est emplie d’un bruit de piaillement indescriptible. Je jette mes clés, pose en vitesse mon sac, et grimpe l’escalier quatre à quatre à la rencontre de ce bruit étrange. Je précise que mes enfants ont largement passé l’âge de piailler ainsi, et à cette heure-là de toute manière, ils n’ont rien à faire à la maison.

Je rappelle les faits : nous sommes jeudi 30 avril et il est maintenant 15 h 02. Suivant le son, dont l’ampleur s’amplifie (si je puis m’exprimer ainsi) au fur et à mesure que je me rapproche de sa source, j’arrive dans la chambre de ma fille… Et là, surprise !

Une espèce de vers de terre de quelques centimètres de longueur gît sur le plancher, baignant dans un liquide indéterminé et hurlant de toute la force de ses poumons. Car c’est bien de cet amas étrange que sort ce piaillement dont la maison s’est fait la caisse de résonance. Qu’un son si éclatant soit associé à une aussi petite chose est carrément hallucinant, m’étonné-je. Il s’agit donc d’un chaton à moitié fini, comme ils le sont tous à la naissance, carrément abandonné par sa mère… qui s’est carapatée une fois l’expulsion terminée et qui est maintenant inscrite aux abonnées absentes. Il part mal dans la vie, à mon avis, le pauvre chou !

Je cherche dans tous les recoins et je finis par trouver la mère terrorisée au fin fond d’un placard, les yeux agrandis d’horreur devant ce grand mystère de la naissance qui vient de s’accomplir sans que personne, mère, sage-femme ou gynécologue ne lui ait expliqué ce qui l’attendait.

Alors, est-ce qu’on naît équipée de ce fameux instinct maternel ? Ou est-ce que nos aînées nous l’inculquent, comme la politesse, la propreté ou la recette des crêpes ?

Faites des gosses, disait je ne sais plus qui, je ne sais plus à quelle occasion. Moi, je dirais plutôt, faites des mères (avant les gosses).